25.8.14

Le Sombreur

Depuis des années, il l'attendait. En tout lieu, à tout instant, il espérait la rencontrer. Secrètement, certains jours, il l'appelait, l'implorait, la suppliait mentalement de venir, de se présenter. Un matin, elle fut là. Tout près de lui, presque contre lui. Il sut immédiatement que c'était elle. Celle qu'il avait tant attendue, guettant, pendant des années, inlassablement sa venue. De crainte qu'elle ne s'échappe, il se rua sur elle. De ses mains puissantes, désespéré, il s'agrippa à son cou qu'il serra de toutes ses forces. Elle n'aura pas survécu. Étouffée, les vertèbres brisées, elle mourut dans ses bras. Alors, d'un geste brusque, il la jeta à terre, lui donna trois coups de pieds, puis aussitôt s'en détourna. Résigné, il s'en alla. Maintenant, il le savait : il n'aurait plus à attendre, à espérer, à supplier, car, désormais, il ne s'en présenterait plus jamais d'autres. Celle qu'il venait de tuer était sa Chance, sa première et dernière Chance.

15.6.14

Camisole

Insidieusement, on lui faisait revêtir une camisole. On était en train de le civiliser.

7.6.14

Soyouz

Petite partouze, hier, près de Mulhouse, au club-house du Dr House. A douze heures douze, sur un air de rhythm and blues, l'infirmier Mickey Mouse, vieille tantouze, dégrafe sa blouse et épouse, telle une ventouse, le roi de la piquouse. Jalouse, la secrétaire du Dr House arrache ses bagouzes, roule une galtouse à la tarlouze arabo-andalouse venue de Toulouse, puis lâche une perlouze. Odeur de bouse jusque sur la pelouse du club-house où dansent les papooses, filles des barbouzes toungouzes. Dans la nuit, indifférente, Soyouz vogue sous un ciel étoilé en direction de la Voie lactée.

1.6.14

Seul

Il est seul, vraiment seul maintenant. Il se sent complètement perdu, abandonné. Sa compagne de tous les instants n'est plus à ses côtés. Ce matin, sa détresse l'a quitté.

Sans force

Il se plaint doucement. Il n'a plus la force de hurler son désespoir.

29.5.14

Cruellitude

Sur le dernier billet publié sur son blog, il se plaint amèrement : personne ne s'intéresse à ses écrits, personne ne lit jamais son blog. Comble de l'optimisme démesuré ou de l'aveuglement. Qui donc sera, un jour, amené à lire cette plainte ?
Par quel sortilège ?

24.5.14

Le décompte

— Est-ce que tu as déjà fait la somme de toutes ces choses qui, dans ta vie, restent et resteront sûrement sans aucunes explications ?
— Non.
— Hé bien, tu peux commencer à compter, je t'assure que tu n'en aura jamais fini.

21.5.14

Blessée dans la soirée

Hier, dans la soirée, à toute vitesse, j'ai conduit la Mort au service des urgences de l'hôpital du coin. Elle s'était malencontreusement blessée avec sa faux. Ce matin, elle se remettait de nouveau sur pieds. A midi, la Mort reprenait le boulot.

6.5.14

Lumières

Muni d'une lampe de poche, il explore et inspecte les recoins sombres, obscurs et souvent inquiétants de la vie. C'est un vieux militant de l'Aufklärung.

5.5.14

Courage !

Si tu n'es pas misanthrope à 40 ans, c'est que tu n'as rien compris aux premières leçons données par la vie. Mais ne renonce pas à tout espoir. Tu peux encore suivre les cours du soir de l’École de commerce du coin ou même t'inscrire comme auditeur libre en Arts plastiques, ce qui revient au même. Sors, installe-toi à la terrasse des cafés. Pense à fréquenter les salons de bricolage qui fleurissent dans ta région. Passe quelques jours au Club Méditerranée. Mêle-toi à la foule du 14 juillet. Assiste, non loin de chez toi, au défilé du Tour de France. Regarde un match de rugby à la TV. Écoute BHL sur France Inter. Essaye de lire la biographie d'Amélie Nothombe ou un bouquin de Michel Onfray. Ouvre un compte sur Twitter. Courage, tout n'est pas perdu.