29.5.14

Cruellitude

Sur le dernier billet publié sur son blog, il se plaint amèrement : personne ne s'intéresse à ses écrits, personne ne lit jamais son blog. Comble de l'optimisme démesuré ou de l'aveuglement. Qui donc sera, un jour, amené à lire cette plainte ?
Par quel sortilège ?

24.5.14

Le décompte

— Est-ce que tu as déjà fait la somme de toutes ces choses qui, dans ta vie, restent et resteront sûrement sans aucunes explications ?
— Non.
— Hé bien, tu peux commencer à compter, je t'assure que tu n'en aura jamais fini.

21.5.14

Blessée dans la soirée

Hier, dans la soirée, à toute vitesse, j'ai conduit la Mort au service des urgences de l'hôpital du coin. Elle s'était malencontreusement blessée avec sa faux. Ce matin, elle se remettait de nouveau sur pieds. A midi, la Mort reprenait le boulot.

6.5.14

Lumières

Muni d'une lampe de poche, il explore et inspecte les recoins sombres, obscurs et souvent inquiétants de la vie. C'est un vieux militant de l'Aufklärung.

5.5.14

Courage !

Si tu n'es pas misanthrope à 40 ans, c'est que tu n'as rien compris aux premières leçons données par la vie. Mais ne renonce pas à tout espoir. Tu peux encore suivre les cours du soir de l’École de commerce du coin ou même t'inscrire comme auditeur libre en Arts plastiques, ce qui revient au même. Sors, installe-toi à la terrasse des cafés. Pense à fréquenter les salons de bricolage qui fleurissent dans ta région. Passe quelques jours au Club Méditerranée. Mêle-toi à la foule du 14 juillet. Assiste, non loin de chez toi, au défilé du Tour de France. Regarde un match de rugby à la TV. Écoute BHL sur France Inter. Essaye de lire la biographie d'Amélie Nothombe ou un bouquin de Michel Onfray. Ouvre un compte sur Twitter. Courage, tout n'est pas perdu.

15.4.14

Le Match

Il avait l'esprit vif, plus rapide que le vent. C'était un garçon agile et doué. Ce fut un homme solide et intelligent. Ayant remporté le match de sa vie, dès la première mi-temps, il avait alors acquis le sentiment d'être largement gagnant. Il pensait ne plus pourvoir rien perdre. Absolument rien. Il refusait depuis de jouer la seconde mi-temps. Assis sur le banc de touche, il attendait patiemment le coup de sifflet final. Il n'était pas pressé. Il avait tout son temps.

12.3.14

Debout au douzième étage

Debout au douzième étage de l'immeuble marron et blanc, sur la rambarde en béton du balcon, les bras ballants, le visage tourné vers les nuages, il plie un genou.

20.2.14

La course

Lui, qui a toujours été largement en avance sur son temps, s'est fait doubler dans la nuit. Il distingue à peine, ce matin, son temps loin, très loin, devant lui. Il gare son véhicule sur une aire de stationnement et coupe le contact. Il sait, maintenant, qu'il ne pourra jamais le rattraper. Il se sent ridicule.

2.2.14

Piètre chasseur

Il avait toujours laissé passer la chance. Il ne s'était jamais donné ni le temps ni la peine de soulever son arme quand elle passait et repassait à sa portée. Cet étrange animal lui paraissait absolument immangeable. Alors, pourquoi l'assassiner ?

1.2.14

Mémoires

Pour les neurobiologistes, il existe quatre types de mémoire : une mémoire sémantique qui concerne les faits et connaissances générales ; une mémoire épisodique, celle des souvenirs personnels ; une mémoire procédurale où sont stockées des procédures motrices et cognitives apprises ; une mémoire de travail nous permettant de gérer le flux des informations en temps réel et d'organiser nos actions. Il y en a peut-être une cinquième que je ne pourrai pas citer : je l'ai déjà oubliée. Je ne suis d'ailleurs pas très sûr de cette information. Je ne me souviens plus avoir lu ou entendu ça. Je viens peut-être tout simplement de l'inventer.